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12 Temmuz 2019 - 20:16
Après la fête du foot, les Algériens de retour dans la rue contre le régime
(PAPIER GENERAL-ACTUALISATION)
Par Amal BELALLOUFI, Avec Aymeric VINCENOT à Paris
=(Photo+Video)=
ATTENTION - ACTUALISE avec fin de la marche, mobilisation dans plusieurs
autres villes, AJOUTE signatures ///
Alger, 12 juil 2019 (AFP) - Les Algériens ont encore manifesté en très
grand nombre vendredi, pour la 21e semaine consécutive contre le régime, à
l'issue d'une longue nuit de célébrations de la qualification de l'équipe
nationale pour les demi-finales de la Coupe d'Afrique des Nations (CAN-2019).
Ce vendredi de manifestations massives était le premier depuis
l'expiration, le 9 juillet, du délai d'intérim à la tête de l'Etat, confié par
la Constitution, durant 90 jours maximum, au président de la Chambre haute
Abdelkader Bensalah.
Celui-ci a fait savoir qu'il resterait néanmoins chef de l'Etat par
intérim, hors du cadre constitutionnel, jusqu'à l'élection d'un nouveau
président à une date indéterminée, la présidentielle convoquée le 4 juillet
pour élire un successeur à Abdelaziz Bouteflika ayant été annulée faute de
candidats.
Mercredi, le chef d'état-major de l'armée, le général Ahmed Gaïd Salah,
véritable homme fort du pays depuis la démission de M. Bouteflika le 2 avril,
a réaffirmé le soutien du haut commandement militaire au président Bensalah et
souhaité l'organisation d'une présidentielle "dans les plus brefs délais" via
un "dialogue national".
Une partie de la nuit, de nombreux Algériens ont fêté la qualification de
leur pays en demi-finale de la CAN-2019.
Jeudi soir, un immense cri de joie a retenti dans Alger, à la fin de la
séance des tirs au but contre la Côte d'Ivoire, auquel ont rapidement succédé
klaxons et youyous dans divers quartiers de la ville.
Malgré cette nuit de fête et un impressionnant quadrillage policier dès les
premières heures de la journée, une foule immense a envahi les rues du centre
d'Alger, noires de monde toute l'après-midi.
Des manifestations massives ont également eu lieu à Oran, 2e ville du pays,
à Béjaia et Tizi-Ouzou (Kabylie, Nord), selon des journalistes locaux, ainsi
qu'à Constantine (3e ville d'Algérie), selon les médias algériens et les
réseaux sociaux.
A Alger, les manifestants ont répondu au chef d'état-major en réclamant à
nouveau "un Etat civil, pas militaire" --faisant fi des mises en garde du
patron de l'armée contre ce "slogan mensonger"-- et en affirmant n'avoir "pas
confiance" en lui.
- Police et huile de moteur -
Pour un passant ironique, "Alger la Blanche" --traditionnel surnom tiré de
la couleur des immeubles du centre-ville-- était devenue, vendredi, "Alger la
Bleue" --couleur de la police.
Des files ininterrompues de camionnettes des forces de l'ordre sont restées
garées des deux côtés des rues --et parfois même sur les trottoirs--
empruntées par le cortège, réduisant sérieusement l'espace pour les
manifestants.
De l'huile de moteur a également été versée sur des escaliers, des parapets
de bouches de métro ou des lampadaires sur lesquels ont l'habitude de se
jucher des manifestants, selon des journalistes de l'AFP qui ont également vu,
comme à plusieurs reprises les semaines précédentes, une dizaine de personnes
être interpellées dans la matinée, sans motif apparent.
Sur Twitter, Saïd Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense
des droits de l'Homme (LADDH), a dénoncé un "dispositif sécuritaire" montrant
"une volonté manifeste d'empêcher les marches pacifiques à Alger". "Barrages
filtrants", "policiers en civils", "fouilles des passant-e-s",
"interpellations", a-t-il détaillé.
- Exaspération -
Le cortège algérois a commencé à se disperser dans le calme en fin
d'après-midi. Aucun incident n'a été signalé à travers l'Algérie.
Parmi les manifestants d'Alger, Aïcha Sahli, la soixantaine, s'est dit
"exaspérée par un gouvernement qui s'impose au peuple", alors que le délai
d'intérim est dépassé. "Le pouvoir doit comprendre que nous refusons des
élections avec les rois de la fraude", a-t-elle expliqué à l'AFP.
Le "Hirak" (mouvement de contestation) refuse que les anciens hauts
responsables de la présidence Bouteflika, M. Bensalah et le général Gaïd Salah
en tête, organisent le scrutin et exige leur départ du pouvoir et la mise en
place d'institutions de transition avant toute élection. Une revendication
catégoriquement rejetée par les autorités.
M. Bensalah a proposé début juillet la création d'une instance de dialogue
pour préparer la présidentielle, sans participation des autorités civiles et
militaires, mais son cadre flou laisse sceptique les manifestants.
Pour Abdelhak, chauffeur de taxi, les dirigeants algériens "gagnent du
temps en cherchant comment faire pour nous faire avaler des couleuvres".
De précédentes propositions de "dialogue" formulées par le pouvoir ont été
rejetées par les figures de la contestation, qui dénoncent essentiellement un
ordre du jour --l'organisation de la présidentielle-- imposé et non négociable.
amb-ayv/mdz