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17 Temmuz 2019 - 19:49
Après 30 ans, le Soudan fait un pas "crucial" vers la démocratie (PAPIER
GENERAL-ACTUALISATION)
Par Haitham EL-TABEI et Claire DOYEN
=(Photo+Video)=
ATTENTION - Ajoute réactions américaines ///
Khartoum, 17 juil 2019 (AFP) - Les généraux qui dirigent le Soudan et les
meneurs de la contestation ont signé mercredi un accord sur le partage du
pouvoir, un moment qualifié d'"historique", après des mois de manifestations
marqués par la destitution du président Omar el-Béchir et une répression
brutale.
Mercredi, après des négociations ayant duré toute la nuit, les deux parties
ont paraphé une "déclaration politique", premier pas vers un gouvernement
civil, principale revendication des contestataires.
Des discussions doivent encore avoir lieu dans les prochains jours sur
d'autres points, notamment sur l'"immunité absolue" réclamée par les
militaires au pouvoir et rejetée par le mouvement de contestation.
Un Conseil souverain composé de cinq militaires et six civils sera chargé
de mener la transition pendant un peu plus de trois ans. Les militaires
présideront cette instance pendant les premiers 21 mois, les civils prendront
la relève pour les 18 mois restants.
A l'issue de la rencontre dans un hôtel de luxe de Khartoum, le numéro deux
du Conseil militaire au pouvoir, Mohammed Hamdan Daglo dit "Hemeidti",
également commandant des redoutées Forces de soutien rapide (RSF), a salué un
moment "historique".
Après avoir apposé ses initiales sur le document, il a déclaré que cette
signature ouvrait "une nouvelle ère prometteuse de collaboration entre les
forces armées, les RSF et les dirigeants de la glorieuse révolution
soudanaise".
"Aujourd'hui, nous nous sommes accordés sur la déclaration politique", a
indiqué pour sa part Ibrahim al-Amin, un des meneurs de la contestation. "Pour
le document constitutionnel, nous reprendrons les négociations vendredi",
a-t-il ajouté.
- "Etape cruciale" -
En début d'après-midi, quelques dizaines d'étudiants ont scandé à tue-tête
"révolution" et "gouvernement civil" devant leur université de Khartoum.
"En tant que citoyens, nous sommes plutôt satisfaits par cet accord. Mais
nous voulons aussi venger nos martyrs", lance une étudiante, Iman Tayfor, en
allusion aux manifestants tués pendant la répression du mouvement.
"On ne se taira pas tant que le gouvernement ne sera pas entièrement donné
aux civils", renchérit un de ses camarades, Ahmed Abdlehalib.
Le Conseil militaire et l'Alliance pour la liberté et le changement (ALC),
fer de lance de la contestation, "ont conclu un accord très important qui
constitue une étape cruciale vers une réconciliation globale", s'est félicité
le médiateur de l'Union africaine (UA), Mohamed El Hacen Lebatt, après avoir
paraphé le document.
L'ambassade américaine à Khartoum a félicité "le peuple soudanais" et
encouragé les deux parties à continuer leurs discussions.
"Nous sommes impatients d'accueillir de nouveaux dirigeants civils et de
travailler avec de nouvelles institutions pour répondre aux défis pressants du
Soudan", a indiqué sur Twitter le secrétaire d'Etat américain adjoint chargé
de l'Afrique, Tibor Nagy.
L'ALC et le Conseil militaire, qui a succédé le 11 avril à M. Béchir
destitué après 30 ans au pouvoir, s'étaient accordés le 5 juillet sur le
principe d'un partage du pouvoir, grâce à une intense médiation de l'UA et de
l'Ethiopie.
Mais les pourparlers sur des détails de l'accord avaient été repoussés à
plusieurs reprises ces derniers jours.
Selon le mouvement de contestation, les généraux ont réclamé une "immunité
absolue" en lien avec la répression des manifestations qui secouent le pays
depuis le 19 décembre, une demande inacceptable pour les manifestants.
Le 3 juin, des hommes armés avaient dispersé dans le sang les milliers de
manifestants campant devant le siège de l'armée à Khartoum. Cette opération,
dont les responsables n'ont pas été officiellement désignés, avait fait des
dizaines de morts selon un comité de médecins proche de la contestation, et
des centaines de blessés.
- Immunité ? -
Ces dernières semaines, les contestataires ont réclamé que les responsables
de la répression soient jugés.
"Il n'y a pas de différend sur l'immunité", a déclaré mercredi à l'AFP le
porte-parole du Conseil militaire, le général Chamseddine Kabbachi.
Outre l'immunité, restent encore en suspens la question de la création d'un
Parlement de transition et celle du retrait des milices encore présentes à
Khartoum et dans d'autres villes.
Lundi, des rassemblements spontanés avaient eu lieu dans plusieurs
quartiers de la capitale soudanaise après la mort d'un homme tué par balle
dans le sud-est du pays.
Le décès s'est produit alors que des habitants réclamaient le départ de
leur ville des forces paramilitaires des RSF, accusées d'être responsables de
la répression du sit-in le 3 juin.
"Hemeidti" a nié, dénonçant une tentative de ternir l'image de ses forces.
ht-cld/cgo/iw
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